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les détraqués de la révolution française


Marat  


« Le massacreur de Septembre J.P Marat »

Magnifié par les « enragés », redouté et détesté par les modérés, porté aux nues après sa mort, puis voué aux gémonies lors de la réaction thermidorienne, ce « sinistre individu », polémiste à ses heures, est né le 24 mai 1743 en Suisse d'un père sarde et d'une mère genevoise.

Après un court séjour à Bordeaux, il étudia en 1762 la médecine-vétérinaire à Paris. Il semblerait qu'il, tout comme un charlatan, vendait des drogues magiques !

Néanmoins il gardera un bon souvenir de sa jeunesse, et à ce propos, il déclare très « modestement » : « j'étais réfléchi à quinze ans, observateur à dix huit, penseur à vingt et un. »

En 1765, le penseur part en Grande-Bretagne chercher une clientèle à Londres et à Newcastle. Il fait des études psychosociologiques plus ou moins ratées, visitant les prisons, les bouges et les asiles, il s'initie à la vie politique en participant aux discussions des clubs. Il a publié quelques mémoires sans grand intérêt sur des sujets scientifiques ainsi que diverses brochures. Plus tard il écrira « les Chaînes de l'esclavage » un énorme pavé, totalement indigeste, dans lequel il développait ses théories fumeuses favorites sur «l'insolence des riches» et le despotisme de l'Etat. Il préconise le partage des terres, la limitation des fortunes, et à proclamer le droit des pauvres à la révolte. Comme on peut s'en douter, Karl Marx appréciera le volume.

Il regagne Paris en 1776 où il passe pour un célèbre praticien anglais. Sa renommée s'accroît. Il sauve, grâce à un médicament mis au point par ses soins, la marquise de Lausbépine. Il profitera largement de la reconnaissance de sa "miraculée" patiente. Il est surprenant qu'une femme puisse s'éprendre d'un tel homme. Une stature chétive, le teint bistre de Levantin, un visage asymétrique, des yeux gris-jaune, un nez écrasé au-dessus d'une bouche grimaçante, il semble appartenir comme disait Michelet à la race des batraciens. Brissot le compare à un Sapajou, Roederer à un oiseau de proie, Levasseur de la Sarthe à un insecte, Mme Roland à un chien enragé, Boileau à un tigre, le député Barral à un reptile, etc. Toutefois on lui prête une voix mâle et sonore, un esprit agile, une force de persuasion, même sa vantardise lui donne une sorte de fascination, une séduction étrange susceptible d'émouvoir les femmes, fussent-elles marquises...

Grâce à cette bienveillante et titrée amie, il entre au service du comte d'Artois (pour quelqu'un qui déteste l'Aristocratie...). Ironie du sort il est ainsi protégé par le frère de celui qu'il vouera un jour à l'échafaud. Il est confortable logé dans un hôtel privé de la rue de Bourgogne (7e). Pour quelqu'un qui dénonce « l'insolence des riches », il en profite bassement le lascar. Il a même été jusqu'à tenté de démontrer la noblesses de ses origines (un vulgaire pantin l'ami du peuple).

Diderot, tout comme Voltaire n'ont pas apprécié son « Essai sur l'homme ». Le premier déclara que « Marat extravague », le second le compare à Arlequin faisant des cabrioles pour égayer le parterre. Remercié, il quitte le comte d'Artois et son hôtel de la rue de Bourgogne pour un logement plus modeste de la rue du Vieux Colombier (6e).

En 1788, il tombe de nouveau malade, mais la nouvelle de la convocation des Etats Généraux, le remet sur pied. Il déclara « je commençais à respirer, dans l'espoir de voir l'humanité vengée, de concourir à rompre ses fers et de me mettre à ma place... ».

Il excite et exhorte les foules. A Caen, les meurtriers du pauvre Belzunce, n'auront pas besoin d'encouragements pour mettre leur victime en pièces. Pour mener les foules Marat sent bien qu'il lui faut un journal. A l'été 1789 une feuille périodique sort et prendra le nom suggestif de « l'Ami du peuple » . A plusieurs reprises il fait l'objet de poursuites pour avoir pris à partie des sommités. Pour ses assailles contre Necker et plus particulièrement contre La Fayette, puisqu'il réclamait rien moins qu'un nouveau Scaevola lui plante un poignard dans le cœur. Il dut se terrer dans des caves et fuir en Angleterre.

Plus tard il vivra avec Simone Evrard rue des Cordeliers, une couturière provinciale qui a pignon sur rue au faubourg St Honoré, qu'il considérera comme sa femme légitime. Le polémiste continue sa propagande pour la grande cause populaire. Il prône la révolte, incite les soldats à désobéir.

Durant l'année 1790, saisissant sa plume, il déclare tout bonnement qu'il faut épurer l'armée, pendre huit cent députés, faire rôtir les ministres au jardin des Tuileries. Il expliquera plus tard que sa véhémence cannibale n'est que rhétorique. C'est l'année de l'élaboration de la Constitution par l'Assemblée. A cette époque on peut encore penser que la révolution va se terminer pacifiquement. Mais devant tant de frénésie certains députés dénoncent ces excès de langage inadmissibles. Même Camille Desmoulins est horrifié par cette sanglante éloquence. Mais Marat n'entend rien. Il passe de cachette en cachette. Il se terre au fond d'une de ses fameuses caves, vêtu d'une redingote déchirée, la tête en feu couverte d'un linge humide. Son journal est saisi. Puis plus tard les feuilles réapparaissent avec de nouveaux appels aux massacres. Ce jeu de cache-cache entre les autorités et le délinquant prêterait à sourire si ces petits drames n'annonçaient la tragédie prochaine. Marat aboie plus qu'il ne mord, mais ces aboiements excitent la meute des loups.

Membre des Cordeliers, sa rage révolutionnaire se déchaîna après l’arrestation du Roi à Varennes et la fusillade du Champ de mars. Il continua à prophétiser contre les nobles et les prêtres, mais sa compassion, pour ne pas dire la démagogie dont il faisait preuve pour les sans-culottes et la valetaille lui attira la reconnaissance de la plèbe.

La chute des Tuileries (10 août 1792), à laquelle il avait largement contribué, le galvanisa. Ses fanatiques attaques participèrent alors à créer l’atmosphère de haine dans laquelle vivait la capitale lors des massacres de septembre.

Elu malgré cela, comme quoi la violence a toujours payer dans les faubourgs rouges, député de Paris à la Convention, il appuya la Commune et la Montagne contre les modérés «Girondins». Mais sa bestialité verbale autant que son apparence négligée choquaient même ceux qui partageaient ses idées. Les chefs « Montagnards » le tenaient à l'écart. Son torchon, « L'Ami du Peuple » avait alors fait place au « Journal de la République française », qui allait devenir lui-même le « Publiciste de la République française ».

Il déclare « je ne croirai à la république que lorsque la tête de Louis XVI ne sera plus sur ses épaules" ! A Caen une certaine Charlotte Corday suit, horrifiée, à travers les journaux les appels aux massacres de « l'Ami du Peuple ». Lors du Procès du roi, le terrible polémiste exige que le scrutin soit public et nominal. Ainsi le régicide deviendra-t-il preuve de civisme : la peur de passer pour un tiède pèsera lourd dans la balance. Chaque député monte donc à son tour à la tribune. La France attendait, haletante, le résultat du scrutin. Lorsque la nouvelle de l'exécution du Roi arriva à Caen, Charlotte Corday pleurait comme un enfant.

Après la condamnation du Roi à laquelle il s’employa ardemment, la lutte de Marat contre les Girondins se poursuivit avec plus de barbarie encore. A la suite d'un de ses appels à l'insurrection, ses adversaires, les Girondins, le firent ordonner d'accusation, mais l'infinie popularité dont il bénéficiait à Paris lui permit d'être acquitté par le tribunal révolutionnaire et il fut ramené en triomphe par la plèbe à la Convention. Il s'acharna alors contre ses contradicteurs.

La bannissement des Girondins incité une de leurs adoratrices, la valeureuse normande, petite nièce de Corneille, « Charlotte Corday d’Armont », 25 ans, (1768-1793), à se rendre de Caen à Paris pour régler son compte à ce sinistre journaleux enragé qu'elle jugeait responsable de toutes les atrocités de la Révolution. Après s'être fait introduire dans ses appartements, il lui plante un couteau dans la gorge (13 juillet 1793).

La « chevaleresque » jeune fille fut décapitée le 17 juillet place de la Révolution (Concorde aujourd'hui) à l’issue d’une parodie de justice.

Gérard Briffoteaux

Paris le 08/03/2003

 

Sources : Charlotte Corday de Bernardine Melchior-Bonnet.

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