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billet d'humeur n°47


«sanctionnons Raffarin !»

Dans son livre « La psychologie des foules » Gustave le Bon observe que pour provoquer un « mouvement de foule », il convient de maîtriser trois paramètres essentiels qui sont : d'abord exploiter «un choc émotif important» (l'annonce d'une catastrophe, la canicule et ses effets, d'un attentat meurtrier), ensuite il faut un « mot d'ordre » lancé par un ou des leaders d’opinion à l'encontre d'un « présumé coupable.»

Pour le sociologue italien Scipio Sighele qui publie en 1891 « La Foule criminelle.», toute violence populaire (grèves, insurrections...) est un crime. Pour qu'une foule devienne criminelle, il faut que des meneurs hypnotisent des « menés ». Les « journalistes » sont la figure même de ces meneurs.

La logique collective ne se manifestant que dans les foules ne peut provoquer que des actes contraires à ceux inspirés par la logique affective individuelle. L'âme collective momentanément créée par une foule représente un rassemblement très spécial où « l'impossible » n'existe pas, où la « prévoyance » est méconnue, où la « sensibilité » apparaît toujours exagérée et où la « logique rationnelle » est totalement absente.

Ces désorganisations sociales ne sont devenues possibles que par les renoncements répétés de nos gouvernants, dominés par la faiblesse qu'engendre inévitablement la peur des mouvements subversifs, voire « révolutionnaires ». Devant l'impuissance des codes, relayée par le pouvoir des médias, s'est progressivement créée cette notion, qu'employer « la menace et l'action directe » est un moyen sûr pour faire plier nos lois hier encore respectées et considérées comme inviolables.

Si nos gouvernants en sont arrivés à tant de lâches concessions, c'est par une méconnaissance profonde « des médias » et de certaines « notions psychologiques collectives » qu'aucun homme d'État ne devrait pourtant ignorer.

Revenons à l'actualté, partant de ces observations, lors d'un événement majeur, dans nos médias une phrase revient régulièrement, révélatrice de l’idéologie marxiste rampante qui nous gouverne : « ce matin, vos journaux, vos radios, vos télés, sont unanimes pour condamner … ». La manoeuvre pour les médias consiste à traiter le même sujet de la même façon ! Par un jeu de miroirs, tout le monde se renvoie les mêmes analyses et les mêmes informations. Tous les médias martèlent le même message au même moment.

Grosso modo c'est ce qui s'est passé à Madrid pour J.M Aznar, et par un effet de transmission inhérente à la psychologie collective, à Paris pour Raffarin et son gouvernement lors élections régionales.

À Madrid-Atocha la « faute » du gouvernement était d'avoir suivi G.W. Bush dans sa croisade contre le terrorisme en Irak. Elle était directement jointe à l'attentat. Elle en était même, dans la vision réductrice imposée par les terroristes, « la cause ». Partant de la tout va très vite : « Aznar a menti...»

En France, à l'évidence, on ne pouvait faire le même reproche à J.Chirac et son gouvernement, puisqu'ils ont pris, et c'est bien regrettable, le parti inverse ! Mais qu'à cela ne tienne, il suffit de transposer, de riper d'une cause à une autre. En France la cause était toute trouvée : l'ultra-libéral J.P. Raffarin et son gouvernement, méprisant la misère des intermittents et ignorant celle des chercheurs étaient décidément « stupides et insensibles ». Ce sont les « ennemis de l'intelligence »... Voilà une bonne cause rassembleuse !

Par un phénomène de mimétisme le « mot d'ordre » de la gauche espagnole « Sanctionnons le gouvernement ! », s’est répandu très vite entre l’attentat et l’élection. Il est devenu en France, pendant les huit jours suivants et qui précédaient les élections régionales, une question, relayée sans fin par tous les médias leur cortège de crédules, d'affabulateurs et de manipulateurs : « Le vote de dimanche sera-t-il, comme en Espagne, un vote sanction pour le gouvernement » ?

L’acharnement mis dans la répétition du message, élément infaillible de persuasion, notamment sur TF 1, où des journalistes comme le « populacier J. P. Pernaud » ou par la politiquement correcte C.Chazal, qui se sont toujours illustrés par leur mépris délibéré de la vérité et leur dévouement aux socialistes, poussent les français, en des termes à peine voilés, à la « vengeance électotale.»

Jean-Pierre Raffarin, seul ou presque à avoir pensé d'abord aux pouvoirs des régions et dans le cadre de son grand projet « la décentralisation », s'aperçoit de la stratégie de la gauche avec la complicité des médias. Il réagit alors et décide lui aussi vouloir « politiser et nationaliser » le débat. Peine perdue, le mal est fait, il est trop tard !  Déjà le peuple veut sa tête !

L'entre deux tours n'aura pas suffi à la majorité pour redresser la barre ? C'était mission impossible, d'autant que les « médias » ne cesseront de reprendre et martèleront le message de la gauche jusqu’au bout. « Sanctionnons le gouvernement ! »

Pour avoir ignoré le rôle fondamental exercé sur l'inconscient par certains facteurs collectifs et le pouvoir des médias : « affirmation, répétition, suggestion et contagion », qui, indépendants de la raison, agissent facilement contre elle et l'empêchent de reconnaître l'évidence même, J.M.Aznar, J.P.Raffarin et son gouvernement l'ont appris à leur dépens.

Gérard Briffoteaux

Paris le 31/03/2004

 

"La psychologie des foules" de Gustave le Bon.


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