«Les casseroles qui peuvent faire tomber Jospin»
La mise en cause de plusieurs proches du Premier ministre dans des affaires politico-financières pourrait avoir un effet désastreux sur son image de marque.
En effet, Lionel Jospin sest appliqué à se présenter comme un protestant austère, digne de confiance et condamnant sans réserves les prévarications de lère Mitterrand. Évoquant un " droit dinventaire ", il sest démarqué publiquement des pratiques antérieures. Si le cabinet du Premier ministre a réussi à étouffer la commission denquête parlementaire sur la MNEF en la confiant à Alain Tourret, député (PRG) du Calvados, il na pu stopper lenquête des juges Armand Riberolles et Françoise Néher. Parmi les personnes mises en cause, on relève Alain Bauer (directeur dun cabinet détudes en sécurité travaillant pour les mairies socialistes) ; François Bernardini (député européen, secrétaire fédéral du PS dans les Bouches-du-Rhône) ; Jean-Christophe Cambadélis (député de Paris, actuel numéro 2 du PS) ; Stéphane Fucks (conseiller en communication politique à Euro RSCG) ; Marie-France Lavarini (ex-attachée de presse de Lionel Jospin au PS et au ministère de lÉducation nationale, puis assistante dAnne Sinclair-Strauss-Kahn à TF1, enfin conseillère auprès de Claude Allègre au ministère de lÉducation nationale) ; Jean-Marie Le Guen (secrétaire fédéral du PS à Paris, député de Paris) et son épouse Isabelle ; Dominique Strauss-Kahn (ministre de lÉconomie, des Finances et de lIndustrie) ; Manuel Valls (chargé de communication de Lionel Jospin à Matignon) ; Philippe Vuilque (député des Ardennes). Et cette énumération ne fait que débuter puisque les enquêteurs sintéressent à une trentaine de responsables socialistes. La plupart des personnes mises en cause dans cette affaire étaient des membres de lOCI, le parti trotskiste de Pierre Boussel (alias " Lambert "), qui, en 1973, avaient progressivement pris le contrôle de la mutuelle, en compagnie notamment dOlivier Jospin (alias " Camus "), frère de Lionel (alias " Michel "). En 1981, Lionel Jospin, qui est devenu un proche de François Mitterrand, renonce à entrer au gouvernement et devient Premier secrétaire du PS. Mais, fin 1985, le Premier ministre, Laurent Fabius, tente de se faire désigner, au détriment du Premier secrétaire, comme leader des socialistes pour la campagne législative de 1986. Après un vif affrontement, Lionel Jospin recouvre ses prérogatives, mais ne peut éviter léchec du PS. Mis en difficulté dans son parti, il accueille au PS, trois semaines après la défaite, un groupe de cent militants de lOCI dirigés par Jean-Christophe Cambadélis (alias " Kostas "), trésorier du lambertisme. Il les place rapidement à divers postes clefs pour verrouiller lappareil qui risque de lui échapper. En 1988, lorsque les socialistes reviennent au pouvoir, Lionel Jospin accepte de quitter le Premier secrétariat du PS et d'entrer au gouvernement comme ministre de lÉducation nationale. Il remercie alors ses alliés " lambertistes " en utilisant ses compétences ministérielles pour doter la MNEF de ressources nouvelles. Conseillé par Claude Allègre, il augmente considérablement les remises de gestion accordées à la mutuelle pour traiter les dossiers de sécurité sociale des étudiants. De plus, il autorise les activités commerciales sur les campus et encourage la " diversification " de la MNEF. Les poursuites pénales en cours ne manqueront pas de faire apparaître la responsabilité politique personnelle directe de Lionel Jospin, en sa qualité de ministre de lÉducation nationale, dans la mise en place dun système de financement politique occulte antérieur à la loi Rocard. Lhypothèse des enquêteurs est que la MNEF a progressivement connu une dérive apparentée, selon Philippe Plantagenest, à du " banditisme ", dans laquelle Lionel Jospin nest aucunement impliqué, mais quil ne pouvait ignorer. Dès lors, si la pression judiciaire sintensifie, les socialistes auront tendance à se désolidariser des agissements des " lambertistes " mis en cause, ce qui privera le Premier ministre de ses soutiens au sein de lappareil du PS au profit des sociaux-chrétiens de Martine Aubry. Réseau Voltaire
Richard Moatti, mécène de Lionel Jospin Richard Moatti est né le 19 décembre 1941 à Alger. Il fut membre de la commission nationale de contrôle du PS. " Apporteur d'affaires " pour le compte de Dumez-construction, jusqu'à la fusion de Dumez et de la Lyonnaise des eaux, en 1990, il serait aujourd'hui promoteur immobilier. Sous le nom de code de " Monsieur X ", il aurait été le destinataire, pour le compte des jospiniens, des commissions perçues par la SAGES de Michel Reyt, de manière à échapper au système URBA, ainsi que des commissions perçues par Jean-Pierre Destrade auprès des grands distributeurs. Ces opérations auraient été réalisées par l'entremise de sociétés off shore, au Panama et au Luxembourg, dont Richard Moatti serait l'ayant-droit économique. Ami de Lionel Jospin, il lui a présenté sa seconde épouse, Sylviane Agacinski, dont la sur, Sophie (elle-même épouse de Jean-Marc Thibault) est sa voisine à Eygalières. Lionel Jospin a en effet l'habitude de passer ses vacances chez Richard Moatti. Ce dernier est propriétaire immobilier en PACA et aussi à Cintegabelle. Lorsqu'en 1994-95, Lionel Jospin se porta candidat au poste de Premier secrétaire du PS, c'est Richard Moatti qui lui fournit les moyens nécessaires à sa campagne interne (avion privé, voitures, etc.). Richard Moatti était notamment administrateur de Réseaux câblés de France (RCF), le cinquième cablo-opérateur français (particulièrement implanté dans la Nièvre et en PACA). En juin 1999, le groupe Valvision a tenté de racheté RCF mais le contrat de cession a été annulé à la demande d'un actionnaire qui a fait jouer son droit de préemption pour revendre immédiatement RCF à l'américain UPC. Cette affaire est aujourd'hui portée devant une Cour d'arbitrage internationale. Aux dernières nouvelles, Richard Moatti se serait éloigné de France. Il se partagerait entre ses résidences en Suisse et au Royaume-Uni. Un exil qui ne facilitera pas le travail des magistrats. La Mutuelle retraite de la Fonction publique, Les frégates de Taïwan, Laffaire Destrade (Mieux vaudrait ne pas savoir...) Paris - vendredi 12 janvier, 2001
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