«La Country Music, c'est quoi au juste ?»
Préambule
En France, la «Country Music» est perçue avec les lunettes roses d'un anti-américanisme pathologique assez pitoyable. D'autant qu'aujourd'hui dans le pays où il est, paraît-il, «interdit d'interdire», le seul droit qui nous reste, est bien celui de «fermer sa gueule»...
La «Country Music» symbolise : Nashville, le Texas, les cow-boys, traditions et racines, courage, liberté et ambition, le sens de la famille et de l'honneur, un sentiment d'appartenance, l'Amérique profonde, les valeurs religieuses, autant d'images et de valeurs que la France «jacobine» rejette, elle, qui va jusqu'à renier ses propres racines «judéo-chrétiennes» bimillénaires. La Country c'est la musique des blancs du Sud, celle qui, bien sûr, véhicule une idéologie réactionnaire …
Tout commence dans les Appalaches sur les rives de River Cumberland.
Les ballades, les chansons et contes que les immigrants anglo celtiques ont apportés avec eux dans la région des Appalaches se révélera par la suite comme un véritable trésor culturel, édifié sur le socle de la solidarité renforcée durant plus d'un siècle d'isolement, et de la tradition celtique, qui a permis de jeter les bases de la «Country Music».
Baptisée, par les colons eux mêmes, «Hillbilly Music» Musique de péquenauds, cette musique, qui puise ses racines dans différentes musiques traditionnelles, est une des musiques les plus écoutées aujourd'hui aux E.U.
Aujourd'hui, dans les nombreux studios d'enregistrement de Nashville, ville construite sur les rives de River Cumberland au coeur des Appalaches, devenue la capitale inconstestée de la «Country Music», là où l'on fabrique des sons «électroniques» totalement différents de ceux produits par le «Banjo» de Uncle Dave Macon ou de ses amis perdus dans les rudes Appalaches. Le premier artiste de «Hillbilly Music» a s'être fait enregistré (studio New Yorkais mobile), accompagné de son inséparable «Fiddle» au style très perçant, et à la voix nasillarde a été John Carson dans les années 20. (Little Old Log Cabin In The Lane - 1923).
Aujourd'hui les sonorités sophistiquées du violon de la virtuose du Bluegrass Alison Krauss démontre à la fois l'évolution de la «Country Music», et de ses continuités. Durant le XXe siècle, il s'agira tout autant d'une évolution musicale que d'une transformation culturelle, par étapes sucessives.
L'Old Time Music et Nashville
Plus pour des raisons bassement mercantiles et commerciales la Musique de péquenauds s'appelle désormais «Old Time Music» la musique du vieux temps. C'est plus élégant pour la promotion qui en sera faite sur les 500 stations radio dénombrées dans les Etats du Sud au début des années 20. C'est le début du sponsoring et le la Pub. Eck Robertson, un violonneux de l'Arkansas se rend, en 1922, à New York pour enregistrer.C'est un véritable succès et plus particulièrement dans les Appalaches qui servira d'exemple à des dizaines d'artistes qui eux aussi veulent enregistrer.
Nashville, seule ville économique des Appalaches, allait rapidement devenir le centre de l'activité musicale naissante. Les musiciens solistes et orchestres à cordes s'affrontaient lors de concours organisés pérodiquement à Nashville. Les stations de radios présentaient des programmes consacrés à l'«Old Time Music». Devant l'énorme popularité de l'émission de «Old Time Music» présentée par G.D.Hay, celle-ci va prendre le nom de l'émission de musique classique qui précédait celle consacré au Old Time Music : «Grand Ole Opéra». Le nom est resté et le lieu est devenu une véritable institution dans le monde de la Country.
Le «Grand Ole Opéra» ou «Opry» à largement contribué à faire de Nashville la Capitale mondiale de l'«Old Time Music» et de la «Country Music». A partir de ce moment et pour des raisons commerciales, la «Country Music» a considérablement évolué. Les disques et la radio vont désormais assurer la notorièté d'artistes comme Jimmie Rodgers, Riley Puckett, Uncle Jimmy Thompson, Carter Family avec Maybelle à la guitare, Sam McGee, tous ces gens jusqu'ici restés plus ou moins amateurs. Ces artistes et plus particulièrement Jimmie Rodgers, ont également fait évoluer le répertoire, qui ne se limitait plus à la musique de montagne. On aborde de nouveaux thèmes et de nouvelles sonorités et arrangements apparaissent et s'imposent.
Jimmie Rodgers est le premier artiste à avoir été élu au Country Hall of Fame en 1961.La profession salue le talent de Jimmie Rodgers et n'hésite pas à le proclamer comme le fondateur de la «Country Music».
La musique Western et la Western Swing
Après la guerre de Sécession et l'installation des ranchs de colons blancs dans les Etats de l'Ouest la culture Far West s'instaure et avec elle l'apparition des Cow boys. Les pages de la légende du Far West s'écrit dès les années 1880, mais la Musique Western, elle, ne voit que progressivement le jour avec le cinéma parlant et les Westerns. La Musique Western s'articule autour de textes écrits sur la difficulté du métier de cow boys, et chantés sur des airs connus empruntés au répertoir des émigrés. Apparaissent alors les «Cow Boys chantants» , et avec eux le guitariste chanteur comédien «Gene Autry» dont l'expression soignée donnera naissance à la «Western Swing», une sorte de country plus clean, moins bouseuse. Il a lui aussi fait franchir un nouveau pas à la «Country Music». La profession l'a d'ailleurs élu au Country Music Hall of Fame en 1969 pour l'oeuvre assez considérable qu'il a laissée.
La Western Swing, musique spécifique des colons du Texas et de l'Oklahoma, est née durant les années 30 lors du boom pétrolier. C'est un nouveau tournant et nouvelle évolution de la «Country Music». La fin de la seconde guerre mondiale sonne également la fin de ce style romancé de la «Country Music». L'époque des Cow Boys chantants est révolue.
La fin de la « Western Swing »
Avec la fin de la seconde guerre mondiale sonne également la fin de la «Western Swing» et des Cow-Boys chantants. Ces musiciens se retrouveront, pour la plupart, dans des groupes de «Honky Tonk» (bouge ou bar mal famé), style qui a vu le jour dans les années 38 - 39. Le «Honky Tonk» relate les difficultés de la vie, l'infidélité, la crise, etc.. A l'approche des années 50 le «Honky Tonk» domine outrageusement la Counry Music.
Avec l'apparition du Juke Box l'industrie du disque cherche à réorienter le marché en instaurant le style «Country & Western », qui n'est ni plus ni moins qu'une synthèse de la musique de Nashville, de la Western Swing et de celle de Hollywood venue de Austin (Texas). Le terme de «Country & Western» finira par devenir au fil du temps la «Country Music».
Bien qu'ayant eu une existence relativement courte, que l'on peut située entre 53 et 59, le «Rockabilly» est un genre qui a pourtant révélé de grands artistes qui ont laissé une oeuvre enregistrée de qualité. Le «Rockabilly» est le fruit d'une fusion entre Country, Rhythm and blues et Jazz. Il faut remonter dans les années 30 pour trouver les prémices du «Rockabilly». Le Western Boogie, dérivé du Western Swing Texan est tout bonnement l'ancêtre du «Rockabilly» ! Il donnera dès les années 60 naissance au Rock'n'Roll Sudiste.
Conclusions
Pénétré de culture américaine, je trouve la «Country Music» un genre musical fort intéressant et attachant, ses formes sont donc multiples et riches de la confrontation avec d'autres musiques et plus particulièrement avec le Cajun, le Dixieland, mais aussi le Blues, le Rythm and Blues, le Jazz, etc.
Les pages qui suivent n' ont pour autre ambition que,
- de rappeler les sources et diversités qui font de la «Country Music» un des éléments essentiels de la culture Sudiste !
- de vous faire découvrir ce genre de musique et ses dérivés, qui contrairement à ce qu'affirment ses détracteurs, n'est pas qu'une «musique de camioneurs», et qui sait, peut-être éveiller en vous l'envie de l' écouter et de l'aimer !
Régulièrement menacée de disparition, la «Country Music» est pourtant toujours là, bien présente ! Toutefois, devenue une véritable industrie à Nashville, la surproduction et les nécessités commerciales peuvent engendrer, au détriment de l' élan artistique nécessaire, une médiocrité qui pourrait réellement la menacer.
Aujourd'hui la «Country Music» se décline en six courants principaux, qui eux-mêmes se subdivisent. On peut donc retenir la chronologie suivante pour établir une base généalogique de cette passionnante musique, et voilà une bonne promenade dans l'Amérique profonde en perspective :
Nombreux artistes manifestent la volonté de maintenir la «tradition Sudiste» chantée et permettent ainsi à la «Country Music» de maintenir la et d’offrir une alternative au débordement hurleur ainsi qu’à la pauvreté de l’«Urban Music» qui sévit en ce début XXIe siècle.
Gérard Briffoteaux
Paris le 01 septembre 2005
Sommaire
Quelques extraits
Quelques ouvrages
La vie des pionniers
|